Lettre ouverte aux listeux
Chers petits,
Quel scandale que ce consensus autour des campagnes BdX ! Vous arrivez avec votre innocence enthousiasmée et, pleins d'entrain, vous faites honnêtement confiance à vos aînés. Ces derniers n'ont pourtant pas fait la démarche intellectuelle suffisante pour comprendre le problème fondamental d'une campagne. Pis que cela, leur psychologie même est orientée pour n'y voir qu'un non-problème.
Voyez-vous, du point de vue du centralien moyen, la distribution de bouffe est le centre névralgique des campagnes BdX. Tentez à peine d'approcher vos pincettes pour retirer cette tumeur et vous verrez les nez rouges s'allumer et tout le monde se mettre à gueuler. D'aucuns pourraient même être tentés par une explication pseudo-sociologique : le partage de la nourriture comme acte fondamental dans la cohésion du groupe, etc. Bullshit !
Si les petits-déjeuners sont maintenus, et il est peu probable qu'ils ne le soient pas, vous verrez avec horreur la vraie nature de vos camarades. Vous les verrez se jeter sur le buffet sans un regard - ni un mot, pour celui qui l'a préparé. Vous entendrez les cris des vautours, vous les verrez débattre avec un cynisme pernicieux de la piètre qualité de leur pitance, déjà putride à leur toucher. Vous verrez ces infâmes porcs retourner à leur existence minable, le ventre plein et l'esprit vide, avec la satisfaction répugnante d'avoir pris ce qui leur était dû.
Le centralien serait en cela le bobo ultime (à moins que ce ne soit l'itemien [élève de l'Institut des textes & manuscrits modernes] qui, non content d'avoir le même diplôme, porte la cultissime écharpe Burberry pour faire croire qu'il est parisien). Le centralien disais-je, se donne bonne conscience une à deux fois par an, c'est largement suffisant, en donnant son sang et en se défonçant au téléthan (ça rime). Pour ce qui est de la bouffe, si on lui en offre il n'hésite pas à y aller comme une brute. Rien à branler de la crise financière, de toutes façons il participe à l'effondrement du système en achetant des produits pourris au hard-discount du coin, quant aux émeutes de la faim... elles ne l'empêcheront pas de faire une année pro dans un grand groupe pétrolier ni de s'enfiler des crêpes comme si papa et maman, sur leurs maigres salaires d'ouvriers, n'avaient jamais pu lui offrir de pot de pâte à tartiner sa misère.
Prenez, et mangez en tous !
Quel scandale que ce consensus autour des campagnes BdX ! Vous arrivez avec votre innocence enthousiasmée et, pleins d'entrain, vous faites honnêtement confiance à vos aînés. Ces derniers n'ont pourtant pas fait la démarche intellectuelle suffisante pour comprendre le problème fondamental d'une campagne. Pis que cela, leur psychologie même est orientée pour n'y voir qu'un non-problème.
Voyez-vous, du point de vue du centralien moyen, la distribution de bouffe est le centre névralgique des campagnes BdX. Tentez à peine d'approcher vos pincettes pour retirer cette tumeur et vous verrez les nez rouges s'allumer et tout le monde se mettre à gueuler. D'aucuns pourraient même être tentés par une explication pseudo-sociologique : le partage de la nourriture comme acte fondamental dans la cohésion du groupe, etc. Bullshit !
Si les petits-déjeuners sont maintenus, et il est peu probable qu'ils ne le soient pas, vous verrez avec horreur la vraie nature de vos camarades. Vous les verrez se jeter sur le buffet sans un regard - ni un mot, pour celui qui l'a préparé. Vous entendrez les cris des vautours, vous les verrez débattre avec un cynisme pernicieux de la piètre qualité de leur pitance, déjà putride à leur toucher. Vous verrez ces infâmes porcs retourner à leur existence minable, le ventre plein et l'esprit vide, avec la satisfaction répugnante d'avoir pris ce qui leur était dû.
Le centralien serait en cela le bobo ultime (à moins que ce ne soit l'itemien [élève de l'Institut des textes & manuscrits modernes] qui, non content d'avoir le même diplôme, porte la cultissime écharpe Burberry pour faire croire qu'il est parisien). Le centralien disais-je, se donne bonne conscience une à deux fois par an, c'est largement suffisant, en donnant son sang et en se défonçant au téléthan (ça rime). Pour ce qui est de la bouffe, si on lui en offre il n'hésite pas à y aller comme une brute. Rien à branler de la crise financière, de toutes façons il participe à l'effondrement du système en achetant des produits pourris au hard-discount du coin, quant aux émeutes de la faim... elles ne l'empêcheront pas de faire une année pro dans un grand groupe pétrolier ni de s'enfiler des crêpes comme si papa et maman, sur leurs maigres salaires d'ouvriers, n'avaient jamais pu lui offrir de pot de pâte à tartiner sa misère.
Prenez, et mangez en tous !